Les morsures des serpents venimeux constituent un problème médical, social et économique dans de nombreux pays, notamment dans les pays en voie de développement ayant une forte densité de populations rurales souvent à faible revenu et éloignées des centres médicaux urbains. Dans ces pays, la sérothérapie antivenimeuse (SAV) de la médecine hospitalière occidentale reste l’unique thérapeutique, spécifique, préconisée lors de l’envenimation ophidienne. Néanmoins, le coût relativement élevé de cette sérothérapie et sa non disponibilité rendent le recours à ce traitement, aujourd’hui plus encore, inaccessible à la majeur partie sinon à la quasi totalité de la population africaine. 80% des personnes mordues par des serpents affirment qu'elles utilisent plutôt le traitement traditionnel que celui de la médecine moderne occidentale. Ainsi, les médicaments antivenimeux africains auraient l’avantage sur les sérums et les vaccins, d’être facilement accessibles, compatibles pour toutes les espèces de serpents, peu onéreux et conservables à la température ordinaire.
En Afrique, l’utilisation des plantes à des fins curatives et/ou prophylactiques est très répandue où environ 80% de la population fait recours à la médecine traditionnelle pour les soins de santé primaire, en raison du coût élevé des médicaments modernes.
Les tradithérapeutes, détenteurs d’énormes secrets ancestraux sont les dépositaires de cette médecine traditionnelle et c’est vers eux que se tourne la population pour se faire soigner. Au Niger, l’utilisation de Annona senegalensis comme antivenin est très répandue. D’ailleurs Annona senegalensis est parfois appelé arbre à serpent, sûrement pour ses propriétés antivenimeuses.
Dans ce sens nous, ATPN (Association des tradi-Praticiens du Niger) avons initié avec un groupe de recherche sur l’études des plantes médicinales de la pharmacopée traditionnelle africaine de l’Université Abdou Moumouni ce projet pour, dans un premier temps effectuer des études physiologiques et pharmacologiques des différentes parties (feuilles, écorce et racine) de Annona senegalensis, plante utilisée comme antivenin en Pharmacopée Traditionnelle Nigérienne. Dans un deuxième temps, la connaissance de la partie la plus active de Annona senegalensis va nous amener à suggérer aux tradithérapeutes le prélèvement de cette partie la plus active et préserver ainsi les autres parties de la plante de prélèvement intensif et abusif et contribuer ainsi à la gestion durable de nos ressources floristiques, donc à la sauvegarde de la biodiversité.