L?ensemble des activités du projet ont pour but de renforcer les capacités des communautés APAC du Siroua et de conforter leur position en tant que principales actrices du développement durable sur leur territoire. Les actions de renforcement de capacités portent sur les aspects de gouvernance dans le sens où l?accompagnement et les différentes animations prévus devraient permettre de raffermir leur organisation interne, leur posture, notamment dans le débat territorial face aux Collectivités Territoriales, aux autorités et aux institutions publiques, de plaidoyer, de gestion, ainsi que sur l?acquisition de capacités adaptatives et de renforcement de leur résilience et des écosystèmes qui soutiennent leurs moyens de subsistance face au Changement Climatique. Les processus engagés devraient en effet aboutir à des territoires qui : i. sont mieux conservés, c?est-à-dire protégés, utilisés de manière durable et restaurés ; ii. présentent une intégrité écologique et une résilience accrues ; iii. offrent une meilleure base pour garantir les moyens de subsistance des communautés gestionnaires des APAC et leur bien-être matériel et immatériel

La gestion intégrée des ressources hydriques garantit une large part de l'économie des zones rurales. L'érosion des sols dans le massif du Siroua est réelle et coûte très cher aux communautés locales. Les solutions fondées sur la nature pour la gestion de l?eau sont de plus en plus affectionnées y compris par les communautés elles- mêmes suite aux expériences menées par M&D à Trinier (aménagement d?un bassin versant). Elles fournissent un moyen essentiel pour répondre à de nombreux défis liés à la gestion des ressources naturelles, tout en offrant simultanément des avantages supplémentaires essentiels à tous les aspects du développement durable. L?expérience a montré que la lutte anti-érosive ne peut être réellement efficace que par le bais de solutions basées sur la gestion patrimoniale des forêts et des bassins versants. La mobilisation de moyens humains et matériels à l?occasion d?une action de conservation des Eaux, des sols et la biodiversité crée une dynamique locale qui influe sur l'ensemble des secteurs productifs. La surexploitation actuelle des parcours dans le Siroua qui représentent un bien inestimable et une ressource essentielle pour l?économie locale ne peut que conduire à une crise écologique, économique et sociale à brève échéance. Il est donc capital de sauvegarder cette ressource en engageant des actions de réhabilitation des zones de parcours tout en protégeant les moyens d?existence et les droits des communautés pastorales. La sécheresse, devenue structurelle durant les dernières décennies a impacté d?une manière directe l?économie montagnarde fondée sur un système agro-pastoral complémentaire entre l?élevage caprin/ovin extensif et une polyculture de subsistance, et marqué par la prépondérance des cultures céréalières à base d?orge, de blé dur et de blé tendre destinées à l?autoconsommation. Un des freins majeurs et une des faiblesses de l?agriculture de montagne réside dans le fait qu?elle dépend dans une large mesure de l?eau du ciel. Mais l'eau du ciel est un bien rare, distribué de façon aléatoire, suivant les années et les saisons dans un contexte de changement climatique incertain. C?est ce qui explique le parti pris par M&D, pour parer aux fortes contraintes de l?aridité climatique et faire face aux aléas climatiques, d?adopter et d?explorer de nouvelles solutions de gestion de l?eau comme la collecte des eaux pluviales pour garantir de manière pérenne l?eau pour l?irrigation des parcelles agricoles et pour l?abreuvement du cheptel.

La mobilisation des acteurs institutionnels à toutes les phases du projet, la participation à des rencontres et ateliers régionaux et locaux autour de la gestion participative des ressources naturelles, de la lutte contre les effets du CC, de l?atteinte des ODD sont autant d?occasions où M&D et ses partenaires communautaires pourront présenter la démarche et les stratégies adoptées par le projet conciliant préservation des ressources « Eau, sol, biodiversité » et « les moyens de vie durables », et communiquer sur les bonnes pratiques et leçons apprises. Dans le cadre du présent projet, comme pour la phase 1 de soutien au APAC M&D continuera d?être active au sein du Consortium APAC Maroc, participera aux actions de plaidoyer et au dialogue national sur les APAC

La parité est recherchée à travers toutes les activités du projet. L?observation du quotidien des femmes du Siroua démontre qu?elles assument beaucoup de tâches et joue un rôle important au sein de leur communauté. En plus des tâches domestiques, elles assument aussi une importante contribution aux activités agricoles, voire à d?autres activités économiques non agricoles en lien avec le tissage ou autres activités de valorisation des produits de terroir. Toutefois, de par le caractère patriarcal des communautés APAC du Siroua, l?accès et le contrôle des principales ressources, notamment du foncier, la participation à la prise de décisions concernant les affaires communautaires reste l?apanage des hommes. De plus, il est connu que les femmes sont les principales actrices de transmission de la culture locale et de ses valeurs, même quand elles ne leurs sont pas favorables. Les acteurs communautaires, les partenaires institutionnels et les collectivités territoriales, seront sensibilisés à l?inclusion, pour favoriser une plus forte diversité et représentativité de groupes jusqu?alors exclus. A travers les ateliers de formations en cascade seront conçus de manière à permettre de démultiplier l?impact. Les espaces de concertation et conseils des jeunes seront accompagnés afin d?inscrire de façon durable la recherche de l?inclusion dans leurs plans d?action, dans les plans d?action territoriaux, et de donner une meilleure réponse à leurs besoins spécifiques. Le travail avec les femmes se concentrera sur l?amélioration de leur posture, de leur regard sur elles-mêmes et sur les nouveaux rôles qu?elles pourraient accomplir par leur propre volonté et liberté de choix pour se saisir du « pouvoir d?agir » au sein de leur Communauté. Il est fort probable que l?émergence de femmes leaders et le traitement des sujets « tabous » tels que le contrôle des ressources et du foncier risquent de créer des tensions. Renforcer les capacités des femmes dans des espaces exclusivement féminins avant de les impliquer dans des espaces mixtes, aider les hommes et les femmes à comprendre et à remettre en cause les stéréotypes sont autant de tactiques stratégiques pour apaiser les tensions et atténuer les rapports de force au sein des communautés APAC du Siroua. L?approche différenciée sera adoptée, et les Communautés moins « conservatrices » serviraient d?exemple pour les autres.

Malgré l?importance évidente des jeunes pour relever aujourd?hui les défis auxquels sont confrontés les espaces ruraux montagnards, il est regrettable de constater qu?ils restent en marge des débats et de la planification en matière de développement. Cette marginalisation est particulièrement frappante dans les APAC, où les jeunes hommes et plus particulièrement les jeunes femmes même lorsqu?elles disposent d?un certain niveau d?éducation, sont exclus des instances locales de prise de décision. L?exode des jeunes du massif du Siroua privent les communautés APAC de leurs membres les plus dynamiques et énergiques. Le processus de migration s?accompagne certes de possibilités pour les jeunes mais il comporte également pour la plupart d?entre eux de nouveaux défis et risques. Travailler en partenariat avec les jeunes ruraux et leurs organisations afin de rendre le développement rural durable possible est de ce fait un principe d?action de M&D et constitue l?un des piliers de son programme d?action. Dans le cadre du présent projet, M&D veillera de façon particulière à l?implication effective des jeunes dans l?ensemble des activités du projet à travers les espaces de concertation où ils sont représentés, et plus spécifiquement à travers les conseils de jeunes. Pour susciter leur intérêt et participation M&D table sur des sujets qui sont très mobilisateurs pour les jeunes femmes et hommes à savoir, l?emploi et l?autonomisation économique. La rencontre sur « les métiers écologiquement durables et l?entreprenariat vert »/ Faire un autre choix que l?émigration, la réflexion sur la mise en place d?un incubateur de micro-entreprises ou entreprises vertes pourrait être un premier pas dans l?opérationnalisation des conseils de jeunes, et dans la mise en place avec le soutien des acteurs pertinents de solutions pérennes à même d?accroître l?attrait du territoire pour les jeunes hommes et femmes diplômés et le retour des jeunes cadres originaires. L?organisation du moussem par les jeunes serait également une occasion pour les réconcilier avec leur culture et leur territoire.